Covid or not covid ?
Une nouvelle espèce est née : les covidés.
Rien à voir avec les corvidés, ceux là se rassemblent par grappe en poussant des cris fracassants dans les futaies, des platanes de préférence.
Les covidés Non ! Ils sont posés au sol, avancent souvent isolés, et quand ils se croisent, c’est pour s’éloigner. Ou alors ils se mettent à gesticuler, tantôt du coude, tantôt du pied, tantôt les mains jointes si elles sont libres.
Tandis que les premiers ont un large bec, d’où ils peuvent faire tomber une proie, les autres sont masqués (pas comme le concombre), et résistent à le faire tomber (le masque).
Il faudrait les chatouiller !
C’est une suggestion.
Comme ils s’ennuient beaucoup, ils sont tous munis d’une petite boite rectangulaire, qu’ils agitent comme un hochet. Si bien, que la plupart du temps, ils avancent penchés.
On a des craintes, car ils se répandent rapidement partout.
A force, de basculer ils accélèrent le mouvement de rotation de la terre, et par voie de conséquences celles des autres planètes. Pas besoin d’être un scientifique pour saisir tous ces dérangement climatiques, les perturbations qu’ils entrainent sur les cycles vitaux, et que dire de toutes les plantes écrasées sous leur poids!
Ils ont aussi des boites plus grandes, dans lesquelles ils s’engouffrent à intervalle régulier. Alors là, ils sont vraiment plus bruyants, que n’importe quelle autre espèce.
D’abord le tintamarre est continuel, toujours surprenant. Parfois ils ont l’air de vouloir s’arracher du sol pour arriver plus loin qu’eux mêmes, dans la quête d’un au-delà qui les satisferaient immédiatement et momentanément. Cela leur permet aussi d’accaparer tout le terrain.
Pendant ce temps-là, lui le corvidé en profite pour lâcher sur les routes des noix afin de les rendre consommables, un truc pour se rasséréner.
Dans cet habitacle leur attitude est aussi étrange. Ils peuvent montrer leur poing, agiter leur doigt, se déplacer en saccades, à la queue leu leu ou rusés, triomphant en un déplacement inopiné. Ceci étant bien souvent en proportion du volume de leur espace.
Quand ils en sortent, ils rentrent dans des cases rectangulaires plus grandes encore, mais pas à l’égal pour tous. Il semble, qu’ils n’aiment pas les formes rondes, l’absence de repères peut-être ? Il leur faut des angles aigus, pointus voir obtus.
Importante est pour eux la nécessité d’ériger, même si dans un relâchement festif, voire immoral, ils leur arrivent de culbuter les uns sur les autres.
Tout ceci au détriment des coccinelles, des scarabées, et même des abeilles, qui soit-dit en passant n’ont pas du tout le même comportement et n’ont strictement rien à voir, ni à montrer à cette espèce. Pourtant leur bourdonnement persistant pourrait les instruire.
Seulement voilà, ils leur arrivent aussi de porter un casque, ce qui accentue leur singularité, leur gestuel et leur métronomie.
Une espèce plus chaleureuse voire plus voluptueuse : les bovidés pourraient les satisfaire. Le problème est que ceux-là n’arrêtent pas de brouter, de se remplir quoi, et de se vider par la même occasion. De plus ils les regardent avec une totale indifférence.
Que faire ?
Construire des cabanes dans les arbres et attendre que le temps passe.
Yverdon, le 27 octobre 2020 Chantal Quéhen
Corneille encre sur carton 32x22cm |